Sur rendez-vous

Stand-up. Dans la tribu Canal+, je demande Chris Esquerre, le loufoque de la bande. La tête bien faite, formé aux hautes études économiques, il a un jour tout plaqué, son costard-cravate, son grand cabinet de consulting, pour (s’)imaginer un monde rien qu’à lui. Il ne raconte pas d’histoires, ne scande pas de vannes ni de punchlines comme ses congénères, même s’il lui arrive parfois d’en glisser une ou deux ici ou là « quand la température de la Terre atteindra 300 degrés, les diabétiques seront les seuls à caraméliser ». Il s’invente un monde à lui, déroutant parfois, mordant très souvent. Une sorte de Gaspard Proust de l’absurde.

Chris Esquerre s'est d’abord fait connaître à la télévision avec ses revues de presse iconoclastes « des journaux que personne ne lit », avant de créer des programmes cultissimes pour une génération de télespectateurs (Télé Oléron, Importantissime).

En s’affranchissant des codes et des rituels souvent convenus et attendus du spectacle d’humour, il trace une voie fantaisiste à l’imagination sans limites. S’il était belge, il aurait très bien pu être le fils spirituel de Raymond Devos et de Charline Vanhoenacker, roi incontesté du non-sens, ne cherchant jamais à faire rire, constamment à cheval entre la réalité et la folie douce.